#9 J'ai (presque) enfin commencé à kiffer ma grossesse... et il était temps, bordel !
Je n’aimais pas être enceinte (et je culpabilisais). Et puis, à deux mois du terme, j’ai commencé à kiffer (un peu).
On nous vend ça comme le plus beau voyage d'une vie, une douce mélodie de l'âme, une connexion cosmique avec l'univers et ta future progéniture. Moi, j'avais l'impression d'être dans un film d'horreur mal réalisé… et sans fin ! Avec un scénario écrit par un stagiaire sous acide et un poil masochiste. Sauf qu'à environ deux mois du grand final, figurez-vous que je commence enfin à apprécier ma grossesse. Oui, vous avez bien lu. J'accouche dans quelques semaines et seulement maintenant, je ne rêve plus d’hibernation jusqu’à l’accouchement. Mais que s’est-il passé ?!
J’aime pas être enceinte
Parce qu'avant ce petit miracle tardif, soyons clair.es : c'était la hess. (Dois-je le préciser vu le titre de cette newsletter ?) La vraie de vraie. On me parlait de deuxième trimestre "lune de miel". Lune de miel de où en fait ?! Pour moi, c'était le même enfer que le premier trimestre, mais avec un ventre qui poussait, les nausées en moins, allez.
Encore et toujours la fatigue, cette p****n de fatigue... Je n'ai jamais eu la mononucléose, mais je suis sûre que je l'ai vécue par procuration pendant ces derniers sept mois. Hyper sournoise, c’est un gros coup de pelle derrière la tête 5 à 6 fois par jour. Être légèrement hyperactive et pioncer 14 heures d'affilée et se réveiller plus rincée qu'avant, c'est un combat psychologique de tous les instants. Mentalement je me sentais comme une merde sincèrement. Et chaque créneau de 5 mins entre deux réunions était une invitation divine à la sieste. Un combat quotidien je vous dis…
Sans oublier le festival des douleurs. Le syndrome de Lacomme qui fait de chaque pas une agonie, des lombalgies et des pubalgies qui te transforment en mamie de 90 ans quand tu passes d'assise à debout. Tu deviens l’illustration parfaite de la démarche de la meuf “qui a un balais dans le cul” finalement, tant ton corps est raidit par le mal. Souffrance absolue et surtout impossible à soulager. “Prenez du doliprane Madame”, autant bouffer des dragibus ma belle, au moins ça a meilleur goût.
Ajoute à ça un nez bouché H24 qui te donne l'impression d'être enrhumée depuis six mois et fait de toi une usine à mickeys de la taille d’un parpaing, des sautes d'humeur qui te font hurler sur ton mec juste parce qu'il existe et qu’il respire. Et bien sûr, le pregnancy brain qui te fait chercher tes clés dans le frigo ou oublier le nom de ta mère. C'était la foire aux sensations bizarres, et aucune n'était vraiment celle qu'on te vend sur les magazines de futur parents épanouis.

La lumière au bout du tunnel (un peu tardivement, mais lumière quand même)
Alors, qu'est-ce qui a changé ? Pas un truc de dingue, pas de révélation mystique à la pleine lune. Juste une accumulation de petits trucs qui, cumulés, ont fini par me donner l'impression de revivre et de presque apprécier être enceinte.
Ma liste à chaud des trucs qui rendent ma grossesse plus douce :
• Avoir arrêté de bosser
Le game changer absolu. Après un gros lumbago et un séjour à l'hôpital, ma médecin a tranché : stop jusqu'à l'accouchement. Pas de "dernier jour" officiel, juste un "tu n'y retournes pas". Sur le moment j’étais dégoutée… Je voulais trop réussir au travail après mon burnout de l’année dernière, j’en avais besoin. J’avais un projet que j’adorais (coucou Amandine si tu me lis), mais, j’avoue m’être sentie très incomprise lorsque j’en ai parlé. On m’a juste dit “tu vas être maman, le travail c’est secondaire blablabla”. Sur le moment ça l’était pas, pas pour moi, pas maintenant. J’avais besoin de cette réussite et personne ne l’a compris, ça m’a gonflée, mais j’avais plus l’énergie pour me battre. Quelques semaines plus tard je peux te dire que ça m’a fait un bien fou de décrocher de ces énergies plutôt négatives même si beaucoup de mes collègues me manquent. En vrai c’est pas une compétition et personne ne me donnera une médaille parce que j’aurai travaillé jusqu’au bout quitte à foutre en l’air ma santé physique et mentale. Et alors le temps de digérer mon petit “échec perso-professionnel”, quel plaisir de ne plus avoir de contraintes dans la journée quand ton corps est au bout de sa vie. Charge mentale allégée puissance 10000.
• Mes animaux
Avoir un chiot Golden Retriever est clairement un anti-dépresseur de qualité. Même 5 minutes de promenade suffisent à te redonner le sourire. On peut dire ce qu’on. veut, avoir un chien, c’est vraiment génial. Alors oui parfois c’est chiant car il fait pas beau, ou trop chaud, et qu’il faut la sortir, mais… ça me force à bouger et en même temps c’est ma dose de rire quotidien.
Aussi, avoir un chat pire qu’un pot de colle dont la seule et unique volonté (une fois qu’elle a mangé) est de dormir sur ton ventre de femme enceinte et de veiller sur ton foetus. Je crois qu’elle prend sa mission très a coeur vraiment et je trouve ça si mignon.
Puis une ponette handicapé mais toujours ravie de te voir qui te force à aller prendre l’air et t’offre un moment méditatif pendant que tu t’en occupe.
• L'acupuncture
J'y croyais pas. Mais visiblement, les aiguilles ont plus d'effet sur mes douleurs que tous les bouquins de développement personnel, les promesses de "repos" et ces fucking Doliprane censé sauver ton existence pendant 9 mois. La première séance m’a dégommé la tronche, j’ai carrément décompensé, mais alors la deuxième… Elle a clairement changé ma vie. Moins de fatigue, moins de douleurs… Moins de tout ce qui me gonfle dans la grossesse finalement. Une révélation. Tellement que j’y retourne demain. On m’a dit “c’est autant de fois que vous voulez”. Est-ce que je suis une meuf du genre à se limiter ? Pas du tout. J’irai toutes les semaines s’il le faut.
D’ailleurs sache qu’il existe un point qui s’appelle le point du beau bébé. Je vous refile l’info comme un secret de sororité : le point d’acupuncture qui rendrait ton bébé… détendu. Genre : bébé qui dort. Qui fait ses nuits. Qui t’épargne les veilles de 3h à 6h du mat en se prenant pour un fêtard ibizien.
On l’appelle le point du bébé zen ou point du beau bébé. C’est sur le mollet, et c’est censé calmer l’agitation intérieure — de la mère et du bébé.
Certaines disent que ça leur a permis de lâcher prise, d’apaiser leur stress pré accouchement, et que leur enfant est né beaucoup plus easy-going que prévu.
Est-ce que c’est placebo ? Peut-être. Est-ce que ça fait rêver ? Totalement.
Tu ressors de la séance pas forcément transformée, mais avec l’impression d’avoir mis une petite pièce dans la machine à sérénité.
Et vu les nuits qui t’attendent, t’as envie d’y croire comme à un ticket gagnant d’Euromillions.
• Des amis (même insoupçonnés).
Ceux qui, malgré ta tête de zombie et tes plaintes constantes, sont toujours là avec un mot gentil, une oreille attentive, ou mieux : de la bouffe réconfortante. Tu sais, ceux qui te connaissent tellement bien qu'ils ne sont même pas surpris quand tu leur dis que tu viens de manger un pot de glace Picard à la framboise entier sans respirer. Ceux qui ne te zappent pas parce qu’ils pensent que parce que tu vas devenir une daronne et qui imaginent que toutes tes conversations tournent autour de ta maternité et ça les gave. Alors que non. C’est pas parce que tu deviens mère que tu deviens chiante. Enfin je crois. Mais il y a vraiment ce phénomène ou certain de tes plus proches amis s’éloignent pour une raison obscure. Et c’est blessant et c’est pas de ce genre d’amis dont on veut s’entourer. Alors merci à celles et ceux qui prennent des nouvelles et qui restent ❤️
• Mon suivi à la maternité qui est incroyable.
Enfin des gens qui te comprennent, te soignent et t’écoutent. Ça, ça n'a pas de prix. Pour faire régulièrement des séjours à la maternité, je peux vous dire que j’adore m’y rendre car j’y suis toujours bien reçue et prise en charge.
J’y ai trouvé des oreilles attentives et des personnes ultra bienveillantes. C’est la première fois que j’aborde le sujet de ma santé mentale et qu’on me félicite de ma démarche, et ça fait du bien. Du fait de mes antécédents de burnout, trouble anxieux généralisé et autre joyeusetés, je tiens à être bien suivie. Et pour une fois, on m’écoute vraiment, on me respecte, on me donne du courage et on m’accompagne sans mettre uniquement le doigt sur ce qui ne va pas chez moi… Ça fait un bien fou. C’est dingue comme dès qu’il y a une femme enceinte et/ou un bébé en jeu les discours sont totalement différents.
Là où l’an dernier on me bassinait de “vous allez mal, vous êtes très malade, blablabla” bref tout le meilleur pour booster ta self-estime. Aujourd’hui c’est plutôt : vous avez les ressources en vous, vous êtes hyper consciente, éveillée et à l’écoute de votre corps et votre tête c’est formidable.
Merci ❤️
• Faire sa liste de naissance et préparer la chambre
Un prétexte en or pour cliquer "ajouter au panier" sans culpabiliser. Et voir enfin quelque chose de concret se dessiner, un projet qui prend forme et qui ne fait pas mal. Après il y a plusieurs écoles, ceux qui préfèrent attendre la naissance, ou la toute fin de grossesse pour tout préparer (et je le comprends totalement) et ceux qui le font plus ou moins tôt.
J’ai reçu plusieurs discours de la part du corps médical, j’ai attendu d’être prête. De mémoire on a commencé après la T2 et ça m’a beaucoup aidée à me projeter dans mon rôle de future maman. Là où j’avais un peu de mal à vivre à fond ma grossesse, je pense que ça m’a fait du bien de me plonger dans cet univers qui m’était inconnu. Bencher les couches et autres produits pour bébé m’a occupée une bonne partie du début de mon congé maternité. J’aurai jamais pensé me prendre autant la tête avec des poussettes.
• Claquer du fric comme si j'étais très riche 💸
Bon, évidemment, faire la chambre et préparer la sortie de ma locataire d’utérus pour que finalement elle s’installe carrément sous mon toit implique pas mal de dépenses. Vous me connaissez, je veux ce qu’il y a de plus adapté, mais joli aussi. J'essaie de trouver de la qualité et je ponce internet pour les meilleurs prix, mais clairement, c'est l'occasion de se faire plaisir. Parce qu'on le vaut bien, après avoir enduré tout ça. Le souci c’est que je suis toujours pas payée par la CPAM mais j’ai choisi le déni.
Ma banquière est en sueur mais tant pis…
• Mon mec
Je l’avais mis en haut de la liste mais il m’a énervée aujourd’hui car il a squatté le canapé all day me privant de télévision alors que je me fais chier comme un rat mort, donc il descend au classement, déso pas déso. Les meufs, si vous devez être en congé mat’ ou même en arrêt maladie avant, et que votre mec est en télétravail, enfermez-le dans un bureau parce que vraiment… Pas drôle du tout d’être en compagnie d’un homme-ordinateur qui squatte TA place pref (sur le canapé devant Greys Anatomy) toute la journée et à qui tu ne peux pas adresser la parole parce qu’”il bosse là enfin !”…
Mais bon, à part ça, soyons honnêtes, tout le monde n’a pas la chance d’avoir un mec qui, après une journée de boulot est prêt à endurer tes sautes d’humeur imprévisibles, te prépare un bon repas et en plus te fait un massage des pieds très qualitatif presque tous les soirs (oui c’est sous la menace souvent mais bon il s’exécute ). Un trophée pour lui svp !
• Le soleil ☀️
Le simple fait de sentir un rayon de soleil sur ma peau me donne l'impression de revivre. La vitamine D du moral. Oui, ok, c’est la canicule mais franchement moi je dis rien, j’habite dans le Nord, on a 35 degrés pendant 2 jours et après terminado. C’est juste histoire de vivre le truc avec vous, mais jamais je me plaindrais de la chaleur. Puis bon, je suis une sudiste de naissance (de Provence hein… Les gens du sud ouest je vous vois, il fait moche chez vous, je le sais) j’aime la chaleur et le soleil, c’est vital.
Je sais pas si je devrais le dire (j’ai peur du karma) mais j’ai même pas les jambes qui gonflent. Mon seul problème finalement c’est la sueur entre ET sous mes boobs devenus absolument ENORMES. Je suis à ça de tester les serviettes hygiéniques dans le soutif tellement c’est insupportable, le pire étant… la nuit !
• Se dire qu'être enceinte, c'est quand même une chance que tout le monde n'a pas
Oui, c'est une torture par moment souvent pour moi, et parfois je culpabilise de ne pas aimer être enceinte quand je pense à toutes ces femmes qui galèrent à concevoir. Mais putain, c'est aussi un truc de fou que la vie te donne l’occasion de vivre. Et là, comme je suis moins fatiguée, j'arrive un peu plus à le ressentir. Je trouve que mon corps est vraiment puissant même s’il me fait souffrir ma race régulièrement, c’est assez empouvoirant de porter la vie au fond.
• Sentir mon bébé bouger
Ma locataire d’utérus fait du design d’intérieur, elle pousse les murs souvent. C'est une sensation très singulière, parfois un peu étrange surtout en bas (là c’est vraiment pas agréable en vrai ^^), et tu te demandes toujours si c'est un pied ou une main que tu sens sous tes doigts (en fait, c’est un cul) . Ton ventre se déforme sous tes yeux, c'est vraiment super bizarre. Mais même si tu as la sensation d'être habitée par un alien, c'est aussi étrange que mignon. Tu n'as plus jamais l'impression d'être seule.
• Manger plein de trucs et se laisser aller à quelques pulsions
La seule période où manger un paquet de bonbons entier sans remords est un acte de self-care. Je pense qu’à la fin de ma grossesse je vais compter combien de fois je suis allée au Mc Do. Ces jours-ci je suis plutôt sur les glaces Picard j’ai littéralement vidé le rayon hier. Allez j’ai un légère pointe de culpabilité parfois (parce que je sais que mon mec va faire la pookie chez la sage femme en énumérant tous les trucs gras et sucrés que je mange #jelehais) mais en vrai je souffre tôt pour ne pas me faire plaisir.
Pas la grossesse de mes rêves, mais c’est la mienne
Voilà. J’ai mis sept mois à pas détester totalement être enceinte. On appelle ça un progrès. Maintenant, je vais continuer de me goinfrer de glaces, me faire piquer par une acupunctrice magicienne, et attendre de voir si le point du bébé zen fonctionne vraiment. Je vous tiens au courant si je gagne à la loterie du sommeil. En attendant, j’apprends à kiffer la fin du tunnel — même si j’ai encore un balai dans le cul et de la sueur dans le soutien-gorge.
À toutes celles qui trouvent pas ça si magique mais qui avancent quand même :
💌 Force, honneur, et un minimum syndical de self-care.
Sophie
Et toi, c’est quoi que tu as le plus apprécié durant ta grossesse ? Je veux te lire en commentaire 🫶
Merci pour tout ! Je me retrouves tellement à chaque fois ! Je suis à 15 jours du terme je ne pensais qu’à la délivrance et là maintenant que la fin est imminente j’apprécie le fait d’avoir mon bébé qu’à moi ! J’ai mis plusieurs années à tomber enceinte j’ai même régulièrement baissé les bras en me disant qu’il fallait que je me fasse une raison et que ça n’était pas pour moi et quand c’est arrivé, d’abord j’étais joie et puis rapidement je n’ai pas aimé énormément de désagréments de grossesse etc pour au final ne plus avoir envie que ça s’arrête (enfin faut pas pousser (enfin si d’ailleurs 😅) mais pas de suite ) bref ! Bonne fin de grossesse à toi et vivement les joyeusetés à venir 😬🥰
Merci pour cet article ! J'entre tranquillement dans le sixième mois et c'est pas la fête. J'ai des maux de dos et pour une personne qui n'a jamais eu mal de sa vie c'est vraiment dur à gérer. Le taff c'est aussi super éprouvant pour moi, j'essaye de réduire mon temps de travail mais j'y arrive pas et je culpabilise. Bref je pense qu'on a tous nos petits démons, j'espère me mettre à kiffer bientôt !
Merci pour tout ça m'a fait un bien fou !